Vélos 2012: Expo Cycle à Montréal, j'y étais... seul (1)


L’automne, c'est le plus beau moment pour les amateurs de vélos. On profite de la forme développée durant l’été et on parcourt avec délectation des routes rendues multicolores suite à la mue annuelle du couvert végétal. Ouais, ouais, ouais. S’en fout du couvert végétal. L’automne, c’est la saison des salons du vélo et, donc, des nouveautés. L'automne, c'est le moment de penser à ma nouvelle machine et mes nouveaux joujoux pour la prochaine saison. Pas le choix, faut changer notre équipement souvent, c'est comme ça. Et ne me parlez pas d'argent. L'argent c'est vulgaire, le vélo c'est noble.

Le kiosque Garneau était en mode
économique. En passant, oui le salon
était ouvert.
À Friedrichshafen, à Vegas, à Paris, à Padoue et même à Montréal, tout le monde vend sa salade lors des salons. Oui, même à Montréal. Parce que d’un point de vue canadien, c’est ici que ça se passait. Le salon ExpoCycle, organisé par la Bicycle Trade Association of Canada du 11 au 13 septembre dernier, ce passait ici. Ben oui, ICI. Cette année, dans le but de maximiser la visibilité des exposants, le «Show BTAC» innovait en offrant une journée grand public, le samedi. Sauf que les organisateurs avaient peut-être oublié de publiciser leur évènement parce qu’en bout de ligne, il n’y avait pas grand public pour occuper les exposants. Mais moi j’étais là.

J’y suis allé, y’avait personne. Une vraie tristesse. Tout le monde qui a travaillé lors d’une expo de bike connait le répertoire des excuses classiques pour expliquer le manque de visites : c’était le week-end, faisait trop beau, ou y pleuvait, le retour des vacances, la rentrée et le premier match des Canadiens et puis ceci, et cela, et encore autre chose. Toutes les excuses sont bonnes, sauf le match des Canadiens. OK, on se reparlera des Canadiens un autre fois. Les Canadiens, c'est important.


Chez Scott aussi le kiosque était en
version minimaliste. 
Sauf que le fait est qu’il n’y avait pas beaucoup de gens de l’industrie non plus. Manquait plein de monde. J’aime le vélo, j’aime les vélos, et, a priori en entrant, il n’y avait pas gros de vélos à regarder. Il manquait les gros morceaux de l’industrie. Dans la catégorie «Absents», on comptait Specialized et Trek, Giant n’étant présent que d’une manière homéopathique. C’est déjà ça de moins. Mais l’érosion ne s’arrête pas là. À un échelon «inférieur», mais soyons polis, les Devinci, Argon 18, Marinoni et autre Guru ont aussi fait l’impasse sur le plus gros salon de l’industrie du vélo au pays. Même les grandes marquent qui étaient présentes s’étaient mises en mode «économie» avec des kiosques petits et simples. On était loin du grand déploiement d’Eurobike ou d’Interbike. Où ont-ils dépensé leur argent? Nulle part, peut-être, ou ailleurs, très certainement. Comme dans des événements privés réservés aux détaillants.

Premier commentaire : c’est donc ben poche!
Deuxième commentaire : j’m’en balance pas mal de la Trek University et des événements semblables! Moi je voulais voir les nouveaux bikes, les machines qui devaient me mettre l’eau à la bouche et me faire dépenser tout mon pognon. Les machines qui vont me fait rêver, qui vont faire en sorte que j’ai envie de devenir le prochain Steve Bauer! Ok, d’accord, respect Steve B, personne n’est comme toi. Ok encore, je suis bien trop vieux pour ce genre de rêve. Bon, mettons, d'accord.

Comme les absents ont toujours tord, j’ai compris que ce qui se passait au BTAC cette année c’était un peu le phénomène qu’on pourrait observer dans un bar si tous les gros gars qui parlent fort, ou toutes les filles un peu trop hurlantes, n’étaient pas là : on entendrait les autres qui, tout en étant plus discrets, n’en sont pas moins intéressants. Pour mon plus grand bonheur, c’est exactement ce qui s’est produit au BTAC. Juste en m’intéressant aux vélos, j’ai vu bien assez de belles choses pour me ruiner durablement s’il me venait à l’esprit de faire des achats. Mais, c'est vrai, ne parlons pas d’argent ici, l’argent c’est vulgaire. C'est bien connu. Et puis ne parlons pas non plus de «technologies exclusives et extraordinaires» : bien trop souvent quand je m’intéresse aux «technologies exclusives et extraordinaires», j’ai l’impression que quelqu’un essaie de m’en passer une p’tite vite. Par exemple, les composites de carbone. Dans ce domaine, quand je vois un sticker qui parle de nano-technologie j'ai l'impression d'être face à de la macro-bullshit. Je sais pas, mais un jour faudra que quelqu'un m'explique comment ça marche vraiment.

Mais qu'est-ce qu'il y avait de beau à voir au BTAC? Voici ma sélection. Attention, ceci n'est pas un classement...



Cyfac

Avouez qu'une inscription en
français, sous le vernis, ça en jette.
La mythique marque française fait un retour au Canada grâce à ARG-Sports. Relativement inconnu au pays, Cyfac est un des plus grands fabricants français. Il faut dire que l'entreprise est discrète et, bien qu'elle ait équipé les coureurs de Jean Delatour au début des années 2000, elle évite les commandites tapageuses. Travaillant à la manière des anciens artisans, Cyfac prône le sur mesure et offre des pièces de technologie dont la qualité de la finition évoque la minutie d'un orfèvre.

La pièce de résistance présentée au BTAC était l'Absolu S2 de Gérard Louis Robert dont la géométrie s'apparentait à celle d'un vélo de piste. On l'oublie, mais avec le sur mesure, un champion du monde sur piste comme GLR peut se permettre ce petit luxe. 

Vous aussi le pourriez, sauf que l'arc-en-ciel des champions du monde devra se mériter.


Le sur mesure pour tout le monde.
Mais pas l'arc-en-ciel.


Raleigh

Le décalque qui dit tout.
C'est du 853, de l'acier magique.
Comme ça devait bien faire 10 ans que Jacques Sennécheal, de Vélo Mag, prophétisait le retour de l'acier avant qu'il n'annonce le retour de l'aluminium le printemps dernier, je me suis arrêté chez Raleigh où il y avait des vélos d'acier partout. Il y a un côté romantique à choisir un cadre d'acier. Le choix implique d'accepter des performances "différentes": le cadre sera lourd et plutôt mou, quoique relativement confortable.

Mais si on pense à un cadre d'acier, on a le droit d'espérer qu'il y aura du chrome dessus! C'est peut-être mon côté bling bling, mais le chrome j'aime ça à mort! Raleigh Canada a pensé à moi quand ils ont fait l'International, le modèle phare de leur collection Heritage, parce qu'ils ont mis du chrome partout, même sur le tube de selle.

Ceci dit, si on sait que les tubes sont du Reynolds 853, le pitch de vente que la documentation transmet ne permet pas de connaître la géométrie que Raleigh a choisi. C'est bien dommage.

En plus d'être bling bling, je suis aussi un grand nostalgique. Raleigh aussi. Le Record Ace le montre. Fait de tubes Reynolds 520 et arborant les couleurs historiques de la marque, le rouge et le noir -mais sans chrome-, ce modèle est une copie presque conforme du vélo qu'utilisait Andy Hampsten au milieu des années 80 au États-Unis, la belle époque de l'équipe Levi's Raleigh.

Sauf que le sien était en Reynolds 531 et ils étaient fabriqués par un artisan bien connu ici: Marinoni.  Déjà à l'époque, le choix de couleurs était porteur de sens puisqu'il évoquait directement l'équipe anglaise emblématique TI Raleigh qui a écumé les courses d'Europe à la fin des années 70 grâce à des coureurs comme Jan Raas, Joop Zoetemelk, Urs freuler et Dietrich Thurau, une des plus grosses cylindrées de l'époque.

La marque Raleigh a depuis manqué un ou deux virages sur la route des changements technologiques, mais côté histoire, c'est dur à battre.



BMC

En passant devant l'énorme kiosque d'Outdoor Gear Canada, je n'ai noté aucune trace d'austérité. Il faut dire que le distributeur de BMC doit brasser de bonnes affaires avec cette marque. Une chose est certaine, avec la présence de Cadel Evans, George Hincapie et Alessandro Ballan dans l'équipe cette année, on en a vu du BMC dans les médias cyclistes. Avec Hushovd et Gilbert qui s'amèneront la saison prochaine le phénomène a de fortes chances de se poursuivre. La gamme BMC est vraiment réussie encore cette année. l'Impec est particulièrement spectaculaire avec ses raccords démesurément massifs. Et puis quand on regarde la fourche BMC de l'Impec, on se dit qu'il est bien loin le temps où les maigrelettes fourches Easton diminuaient la rigidité de ces belles machines.

Lu sur le site de BMC: hand made by
machines. Pas sûr...

Il est beau, mais qu'est-ce qu'il a l'air compliqué à fabriquer. Le haut du tube de selle est à lui seul une sorte de défi technologique. Comment font-ils pour tout coller comme il le faut et que tout soit bien aligné ? Mais c'est leur problème et les gens de marketing chez BMC devaient sentir que plusieurs personnes allaient se poser les mêmes questions. Alors ils ont mis toute la gomme pour tout expliquer sur leur site Internet.

De toute manière la marque n'a pas l'habitude de faire les choses simplement, et leur Time Machine le montre bien. Leur pitch de vente est particulièrement raffiné. Mais perso, ça ne me touche pas tellement. Mais perso encore, qu'est-ce que c'est beau quand même.

Le devant du bike est particulièrement féroce et intégré. Même moi je crois que je pourrais rouler vite avec ça.
Lu sur le site de BMC:
Vmax=p2p x subA. S'ils le disent...

Lu sur le site de BMC: "the frame,manuf-
actured from top-quality aluminum in
highly complex and intricate
hydroforming process".
My God, en suis-je digne?
Reste qu'un beau petit cadre en alu, c'est bien aussi. Dans ce domaine BMC a un petit bijou au catalogue: le Street Racer.

Comme bien des bijoux, il est un peu hors de prix, mais comme on le sait, ici on ne parle pas d'argent, parce que l'argent c'est vulgaire.

Il n'est pas offert en cadre seul, mais on a le choix entre les groupes Tiagra, 105 ou Ultegra.

Coudon' suis-je seul à vouloir des pièces Campagnolo?




Kona
Cette année encore Kona était sur place. La marque au "coolness factor" éternel ne propose pas beaucoup de vélos de route. En fait, Kona offre 4 modèles, mais on ne les voit tout simplement pas dans le kiosque.  Comme la saison du cyclo-cross arrive, pas le choix, il faut quand même montrer le nouveau Jake the Snake.

Juste à le voir on a le goût d'aller jouer dans la bouette. Il est fait d'alu 7005 avec une fourche "full carbone". Qu'est-ce qu'on peut bien dire de plus sinon que de rappeler que c'est un Jake the Snake? Ça dit tout me semble. Non, manque quelque chose: j'en veux un !




Van Dessel

Imaginez l'affaire: le bike s'appelle le Full Tilt Boogie! C'est un cadre de cyclo-cross et il est offert par le fabricant Van Dessel. Plusieurs vouent un véritable culte à cette marque du New Jersey assez mal connue ici. Il faut dire qu'elle est tout nouvellement offerte au Canada grâce aux bons soins de Stage-Race Distribution. Basée à Toronto, cette entreprise était ouvertement en mode séduction et souhaitait établir rapidement un réseau de détaillants.


Je ne connais pas les prix (oui, l'argent c'est vulgaire), mais ce cadre de cyclo-cross est mon "Coup de Coeur" du salon. En fait non, c'est pas le cadre, c'est la marque, c'est le logo de la marque. L'allure Van Dessel est 100% Old School et en même temps, elle suggère une certaine compétence sérieuse. D'ailleurs, la marque a développé un argumentaire de vente crédible, mais elle sait ne pas en abuser. Ça on aime ça. Et on aime aussi qu'il y ait un sticker de camion sur la cadre. Me semble que ça fait bien masculin. Ok, me faut un Full Tilt Boogie aussi.



La suite... il y en avait d'autres... comme Teschner, Merckx, Museeuw, Look, Cinelli et Opus





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