L'appel de la route I
Le chat «hurle»
À force de l’entendre hurler comme le fait mon chat quand il veut sortir à 4 heures du matin, j’ai écouté l’appel de la route. Depuis mon retour de Virginie à l’automne dernier je n’avais pas roulé une seule fois dehors. C’est dire si les hurlements étaient devenus stridents. Certains matins ils étaient même plus bruyants que mon chat. Si vous connaissiez mon animal vous auriez pitié de moi. Ma chérie, qui connait la bête, a d’ailleurs tout compris. La preuve? Elle m’a dit « moi je ne peux pas, mais vas-y ». Alors j’ai décidé d’y aller.
Le copain Mathieu savait bien que mon sevrage de la route était un échec malgré l’extrême rigueur de l’hiver qui avait de quoi enfoncer tout cycliste dans un sommeil morbide. En fait, pour moi il n’y avait pas d’échec de sevrage: je ne voulais pas guérir. Je voulais rouler comme un drogué veut sa dose. « Holguin » a dit le copain Mathieu, « avec Mathieu et Martin ». Rouler à quatre c’est mieux que rouler à trois. Personne ne peut contredire cette analyse éternelle. Je me suis convaincu de partir avec eux avant d’avoir vu la fin de son courriel. Holguin it is.
Un avion versus nos vélos
Je savais que notre présence à Cuba coïncidait avec un séjour-vélo organisé par une OSBL bien connue au Québec. Nous allions donc faire partie d’une petite vague cycliste québécoise qui irait s’échoir sur la province d’Holguin. Une fois dans l’avion, la vague a pris la proportion d’un raz-de-marée: en plus du groupe dont la présence était anticipée, des cyclistes appartenant à deux autres groupes étaient de l’envolée. Enfer et damnation, il y avait même un groupe de triathlètes. Ceux-ci ne manqueraient pas d’utiliser leurs satanés avions de chasse optimisés pour performer, mais généralement inconduisibles (et laids). Ça roule n’importe comment un triathlète, je grognais en silence.
À l’évidence je n’étais pas le seul en manque de sa dose de route. Diantre, mais combien de vélos peuvent être entassés dans un seul avion ? L’estimation liée à l’observation offre une réponse: au moins 105. Il y avait 105 vélos sur le vol, assez pour étouffer et bousiller les vieux équipements servant à vider la soute une fois rendu à Cuba. En conséquence, le temps d’attente debout sans ravito dans le somptueux hall de l’aéroport d’Holguin a été long: près d’une semaine en fait. C’est ce qu’il m’a semblé, mais Mathieu, Mathieu et Martin m’ont par la suite dit que nous avions été coincés là environ 2 heures et demie. Mon bike -mon précieux De Rosa qui en était à son baptême de l’air, est arrivé entier et prêt au combat, c’est tout ce qui compte. En plus, avant de monter dans le bus qui nous a amenés au resort, j’ai pu mettre la main sur une quantité raisonnable de cervezas blondes, froides et providentielles.
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