Une petite boutique avec tout ce qu'il faut



"
Y fait pas chaud
Même si l'hiver est beau
J'aurais ben l'goût d'sacrer mon camp

Jusqu'au printemps"

- Plume Latraverse, Lit vert

c'est le printemps, mais on ne dirait pas avec tout ce qui reste à fondre. Sauf que ça s'active. Ça trépigne. La gent cycliste n'en peut plus de l'hiver, à l'inverse de ce que chante Plume, plusieurs vont sacrer leur camp parce que c'est le printemps. Alors ça s'active dans les gyms et les studios de spinning. Plusieurs font même de vraies sorties sur la route, tant pis pour l'eau sale. Ça trépigne sur les médias sociaux et dans les shops de vélos.

D'ailleurs dans ces shops, dans certaines des meilleures, le trépignement a pris la forme de changements de personnel. Nouveaux mécaniciens chez Régis, chez Gervais et chez Quilicot. Ailleurs aussi. En fait, ces changements ressemblent au mouvement des pièces sur un jeu de pousse pousse: il manque toujours une pièce et on ne peut que glisser celles qui sont là vers de nouvelles positions. Comme la compétence de type 
"360o" est rare dans le monde du vélo, les shops s'arrachent les unes aux autres leurs meilleurs joueurs, ceux qui connaissent ça le vélo. Pour les spécialistes du cyclisme, chaque glissement d'une shop vers l'autre est l'occasion de mettre la main sur quelques dollars de plus de l'heure, ou sur la promesse d'un beau samedi de congé durant l'été. Il n'y a pas de petit gain dans ce milieu.


Le jour de l'ouverture il y a avait
du bon alcool pour tous les convives.
Le reste de l'année il y aura du bon
café et un accueil chaleureux. 
Ce printemps, un gars doté d'une compétence vélo "360o" a regardé ça et s'est dit: "pourquoi travailler pour un autre quand j'ai tous les outils dans mon coffre pour réussir!?" Ce gars s'appelle Martin Rooseboom et il y a quelques semaines il a officiellement ouvert sa propre shop à laquelle il a tout naturellement donné son nom. Pourquoi aurait-il fait autrement, lui dont le nom évoque la plus belle culture cycliste d'ici? Ben oui, issu d'une famille au sein de laquelle le cyclisme est une religion, pour Martin, le vélo n'est pas un secteur d'activité économique, ni une spécialité et encore moins un boulot: c'est un mode de vie et une culture. Le gars est un cycliste. Le dire aussi simplement n'est pas un raccourci: c'est une ouverture. Une ouverture sur un monde, un monde inaccessible doté de façons de faire, de codes et -surtout- de solutions. Des solutions à des questions aussi diverses que: quelle marque est meilleure pour moi? quelle grandeur de cadre j'ai besoin? Mes vitesses marchent mal, qu'est-ce qu'il faut que je fasse? J'ai mal partout après 70 km, wtf? Je veux faire de la piste, qu'est-ce qu'il me faut? Martin maîtrise tout ça. Facile. Il va régler tes problèmes, répondre à tes questions. 

On ne s'attend pas nécessairement à
trouver un bike shop de spécialistes sur une
rue d'allure résidentielle de
 Centre-Sud. Pourtant...
Un local avec cuisine


Situé sur une rue pas nécessairement hip ni trendie d'un quartier dont la population n'est pas reconnue pour disposer de revenus discrétionnaires élevés, le local a été trouvé presque par hasard en passant sur la rue en voiture. D'un passage à l'autre, le local était toujours disponible, puis un beau jour il est devenu un bike shop.
Martin m'avait prévenu quand je l'ai appelé pour tenter de préparer ma chronique: "tu vas voir, la place est petite, c'est comme un salon, mon salon". Effectivement, en arrivant au 
2524 Hochelaga le jour de l'ouverture, ce qui m'a tout de suite marqué, c'est que c'était grand comme un salon, mais un salon avec... une cuisine. Et oui, derrière le comptoir principal, il y a la cuisine du patron. A priori c'est original. Mais ça en dit long sur ce que s'attend à vivre le nouvel heureux locataire des lieux: le gars est prêt à passer bien du temps dans son petit temple du vélo! L'évènement "Ouverture officielle" a attiré une bonne quantité d'amis cyclistes et non cyclistes, certains rameutés par une invitation surgie des méandres des réseaux sociaux, d'autres simplement informés par un des nombreux posts déjantés que Martin a l'habitude de lancer aux copains sur facebook. Des posts déjantés... pour annoncer un bikeshop, la pognez-vous... me v'là que je fais du Rooseboom!
Pour valider les options pour le choix
de taille d'un vélo, Martin travaille
avec les équipements de précision
Juteau-Cantin. C'est fait au Québec
et c'est connu partout
.

"Faque, qu'est-ce que tu vas vendre?"

Mais au-delà de l'aspect salon et de l'aménagement d'une cuisine dans la shop, on pouvait surtout noter la présence rassurante d'un
 fit tool Juteau-Cantin de précision et celle incontournable d'un maudit beau kit d'outils bien classés. En fouinant, l'air de rien, j'ai aussi spotté un catalogue Marinoni tout neuf. On n'imagine pas monsieur Rooseboom vendre autre chose que du bon: ce catalogue confirme que ce sera le cas. Quand j'ai demandé "faque Martin, qu'est-ce tu vas vendre dans ta shop?", la réponse est venue sans détour: "je veux me concentrer sur la route, mais aussi sur la piste. Il y a beaucoup de place pour du conseil: par exemple, il n'y a plus grand monde qui sait ce qu'est un vélo de piste, ce qu'il faut prévoir et comment on va se placer sur ces vélos là. Ça ressemble à un fixie, d'ailleurs c'est l'fun un fixie, mais un vélo de piste, c'est particulier...".

Okay, la route et la piste, normal, ce sont les terrains de jeu de Martin, mais bon, ce que je voulais vraiment savoir, c'est quelle(s) marque(s) de vélo il allait vendre. Alors j'ai insisté et 
la réponse n'a pas manqué de me surprendre: "de tout, on trouve tout sur internet". Étonnante réponse que celle-ci, du moins à prime abord.

Au rayon vélos, j'ai remarqué quelques
fixies "sans nom", bien urbains, bien tendances, bien beaux ainsi qu'un vélo de route -un seul : un Basso. Oui, un Basso, pas un Bassi. Celui qui était en stock était assez dans mes goûts et les plus vieux se rappelleront que cette marque jadis disponible ici proposait des cadres en acier très élégants. Celui que j'ai vu était dans l'esprit de cette époque.   

Une petite shop, toute
petite. Tellement petite
qu'il n'y aura pas de place
pour la boulechite. C'est pas
Little Baveur qui dira le
contraire! (ok, c'est une
petite inside...)
La business change depuis quelques années...

Je crois que l'ouverture officielle a eu lieu samedi 10 mars. Ça fait déjà un bout. Depuis j'ai l'impression d'être encore en train de me demander ce qui se vendra dans le nouveau magasin de vélos du Centre-Sud. Pourtant, j'ai posé la question et on m'a répondu. Mais le "on trouve tout sur internet" résonne encore dans mon esprit. En y repensant, ouvrir un magasin et dire qu'on trouve tout sur internet ne semble pas être conséquent. Les magasins dont j'ai mentionné les noms en introduction doivent justement damner les
 Probike Kit, Chain Reaction et autre R & A de ce monde qui rendent tout -MAIS TOUT- disponible en tout temps et qui, ce faisant, rendent en partie moins nécessaire les magasins à gros inventaire comme on a l'habitude d'en voir.

La business change depuis quelques années et maintenant pour le public expert -et même celui pas mal moins expert- la vraie recherche n'est plus une recherche de produit, mais bien une recherche de conseil, de culture et d'honnêteté. Les gens cherchent ça. Ça, et un bon mécanicien. Ça, et un bon fit expert. Quelqu'un qui va être capable de bien installer et de bien faire fonctionner toutes les patentes qu'ils vont trouver à gauche et à droite. Quelqu'un qui ne tentera pas de leur refiler un bike de la mauvaise grandeur simplement parce qu'il l'a en stock. Quelqu'un qui ne fera pas que réciter bêtement un pitch de vente appris par coeur, celui développé par l'équipe marketing d'une entreprise forte en branding, mais impersonnelle qui ne pense qu'à ses chiffres de vente. 


Faque, il vend quoi Martin? Juste ce dont tu as besoin. En plus, si tu habites à Montréal ou sur la Rive-Sud et si c'est pour rendre ta vie plus simple, il peut aller chercher ton vélo avec son gros camion vert et en prendre soin comme si c'était le sien...


Remerciements attiliens à Martin Rooseboom qui a pris le temps de me parler au téléphone et qui m'a payé du maudit bon vin quand je suis passé... 

Photos en vrac (parce qu'il m'en restait encore)



Une relique: ça s'est du rouleau, ça fait un boucan d'enfer
et ça brasse comme une rue de Montréal! Il a servi pour
la peine, manque même de peinture...  

Dans mes souvenirs, un Basso, ça avait une allure plus classique...
Les pâtes, l'huile d'olive et le café sont dans la petite armoire. Le rhum
ne sera pas toujours là par contre.

Les plaques "hommage" de Tino Rossi ne sont pas faciles
à prendre en photo, heureusement que peu de cyclistes
en ont une...













Commentaires

  1. Même si on lui donne des critiques positives et négative... Le client n'a pas le droit d'être déçu et demander un compromis, il préfère perdre son client en le mettant à la porte même si on reste courtois. Malgré les bons mots dit juste avant, tu n'as plus le droit de donner une critique négative... il perd son sans froid. Dommage, car il fait du bon boulot. Désolé mais le client poli à droit de demander un compromis, le calme et la diplomacie sont requis pour ce boulot pour un client courtois.

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    1. Salut Anonymous, "il", "le client", peux-tu être plus précis? Pas sûr de te suivre...

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    2. Même si j'ai été très courtois, quand tu es déçu du service rendu sur 1 point précis... et que tu demandes au vendeur comment tu te sentirais en tant que client dans la même situation, y a t-il possibilité de remédier pour que je sois satisfait... il le prend mal et perd son sang froid. Tu n'as pas le droit d'être insatisfait sur 1 point précis et demandé un compromis en tant que client avec lui, au risque d'être barré de la place. Le service après vente est imprévisible.

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    3. Et bien mon chum Anonymous, il y a des avantages et des inconvénients à aller dans tous les bike shops. Quand c'est un gros bike shop et que tu demandes au commis pour "remédier", il ne peut pas le faire, mais il reste courtois. Si tu parlais au propriétaire, il te "remédierait" peut-être dehors plus vite que tu le penses. Mon expérience de 20 ans de mécanicien/commis dans des bike shops me l'ont montré. Là, t'as eu affaire au mécano/commis/proprio...

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